CHRISTIAN MOULIÉ : LE CHANT DES PARTITIONS

 


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La chanson disait :
Trois petites notes de musique
Ont plié boutique
Au creux du souvenir
C’en est fini de leur tapage
Elles tournent la page
Et vont s’endormir.

C’était sans compter sur la passion de Christian Moulié qui s’efforce de les réveiller. Christian Moulié est chanteur d’opéra, mais surtout « chanteur de mémoire » : à travers les chansons populaires du siècle dernier, ils est celui qui a entrepris de transmettre un pan presque oublié de notre patrimoine. Il nous invite aujourd’hui à découvrir sa collection de partitions, collection qu’il s’emploie à faire découvrir au public, afin de ne pas reléguer ces précieux documents au rang de « vieux papiers ». Une collection vivante, pour les vivants où l’expression « avoir l’âme d’un collectionneur » prend tout son sens.

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Qui est Christian Moulié ? Suite à l’enseignement reçu par des professeurs formés à l’Opéra de Paris, cours et stages de chant lyrique, Christian Moulié, chanteur classique, intègre une troupe d’opéra — « Les chants de Garonne » —, puis développe une carrière soliste. Depuis plus de 20 ans il se produit en France mais il fut aussi invité, dans le cadre de sa spécialité du répertoire du XIXe siècle, à Londres, Chelsea, Bruxelles, Saint-Pétersbourg, Monte-Carlo, Paris, Colmar, Toulouse, Sarlat, Bergerac, Tolède, Llanelli au Pays de Galles, Cannes, Bordeaux , Blaye…

En complément de ses récitals, il travaille à la recherche et à la diffusion musicale des répertoires datant du siècle dernier. Ces recherches concernent la vie en chansons des Français de 1800 à 1900, époque où l’on chantait sans micro. À travers ses concerts, s’ouvre à nouveau ce répertoire ignoré, oublié, souvent délaissé, mais étonnamment présent dans la mémoire de nos aînés. Un véritable trésor du Patrimoine musical et de la chanson des siècles passés. À la fois culturels, pédagogiques, populaires et divertissants, ses spectacles proposent les plus belles chansons d’autrefois. Chants paysans, chansons de métier, chansons des rues, chants ouvriers, romantiques ainsi que ses créations dédiées à la Gascogne, à Garonne, aux Paysans…

Christian Moulié, chanteur classique et raconteur du passé, créateur du Conservatoire des partitions anciennes de chants français, est accompagné par les musiciens classiques d’Opérial, détenteurs de Médailles d’Or de Conservatoires.

Il interprête notamment des titres comme : « Le credo du Paysan », « J’ai deux grands bœufs », « La chanson des blés d’or », « Plaisir d’amour », « Les semailles », « Je pense à vous quand je m’éveille », « Le temps des cerises », « Grand-Mère », « L’aiguilleur », « Si j’étais Roi », « L’Angélus de la mer », « Si la Garonne avait voulu, « Lanturlu », « Se Canta », « Quitte Paris », « Pour un baiser », « La sérénade du pavé », « Quand les lilas refleuriront », « Nos vingt ans », « Jenny l’ouvrière », « Les roses blanches », « Le mouchoir rouge de Cholet », « La Paimpolaise », « Je t’ai donné mon cœur », « Venise et Bretagne » « Agriculteur, Paysan d’aujourd’hui », « Ma Gascogne ». Chansons en Occitan : « Me cal mouri », « Faribolo pastouro », « Lou Poutou ».

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La Gazette du Patrimoine : Christian Moulié, nous vous savions grand chanteur, homme de cœur, mais pas collectionneur. Depuis quand collectionnez-vous ces témoins de l’histoire musicale ?

Christian Moulié : Je suis collectionneur de partitions de chansons du XIXe siècle depuis 20 ans. Ma grand-mère Mathilde, née en 1888, m’avait offert, pour mon douzième anniversaire, une partition de l’année de sa naissance.
Je l’ai gardée, puis perdue — et je l’ai retrouvée il y a 20 ans lors d’un déménagement. Ce fut comme un signe, car je venais de m’engager dans la voie de l’opéra après une carrière de chef d’entreprise.

La Gazette du Patrimoine : Quelle fut votre première acquisition ?

Christian Moulié : Ma première partition date donc de 1888, mais ma première acquisition, je l’ai faite il y a vingt ans. C’est une partition qui a pour titre « Gascogne , dédiée à Armand Fallières, Président de la République, dédicacée par son auteur Henri Fromont de Tonneins en 1907. Ce qui en fait la valeur, c’est la signature autographe authentique.  Fait intéressant pour moi et que j’ai perçu comme un signe, c’ est que la ville d’Agen et le Lot-et-Garonne se trouvent en Gascogne. Henri Fromont est né en Lot-et-Garonne (Tonneins), tout comme le président Armand Fallières (Mézin) et mo-même (Agen).

La Gazette du Patrimoine : Combien en possédez-vous à présent ?

Christian Moulié : Aujourd’hui, je possède plus de 50 000 partitions du XIXe siècle en grand format, 5000 petites partitions, 2000 recueils de partitions en cuir, et 1200 ouvrages divers du XIXe siècle qui traitent de la musique.

La Gazette du Patrimoine : quelle sont à vos yeux les plus précieuses, quelle est leur histoire ?

Christian Moulié : Les plus précieuses sont : un opéra entièrement écrit à la main par le grand compositeur belge Désiré Pâques ; deux recueils de Loïsa Puget de 1841 avec lithographies exceptionnelles de Célestin Nanteuil ; l’opéra de Jean-Jacques Rousseau « Le devin du village », premier opéra au monde dont l’auteur est aussi le compositeur. Mais, aussi, de nombreux recueils dédicacés par les compositeurs ayant appartenus à Charles Garnier, au danseur étoile Pierre Berezzi, au comte Gaston de Thannberg, à la famille Moët et Chandon. Je suis conscient de la chance que j’ai d’avoir de telles pièces dans ma collection.

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La Gazette du Patrimoine : Vous collectionnez tous les thèmes ou un en particulier ?

Christian Moulié : Je ne collectionne que les partitions de chansons du XIXe siècle en Français. Mais je collectionne également les ouvrages qui concernent la musique en général, l’Occitanie, la Garonne, La Gascogne, le Lot-et-Garonne et le Gers.

La Gazette du Patrimoine : Vous collectionnez ces partitions dans un but précis, comme la création d’un inventaire, d’un musée ou juste par pur plaisir ?

Christian Moulié : Je collectionne ces partitions par une collecte permanente, la plupart sont des dons car elles n’ont pas de valeur marchande, et par des achats (bouquinistes, librairies de vieux papiers, brocantes, vide-greniers, etc…) — mon but étant de réunir, mettre à l’abris, ranger, classer et répertorier ce patrimoine un peu oublié de la culture française. L’objectif qui est actuellement réalisé est de présenter des expositions itinérantes dans les bibliothèques, centres culturels, châteaux… Proposer des conférences concerts et surtout intégrer ces chansons dans mes spectacles à thèmes : chansons rustiques et chants paysans, chants patriotiques, chants de Noël, chansons romantiques et d’amour, chansons de métiers, chansons de rue, chansons d’événements, chansons satiriques.

La Gazette du Patrimoine : Vous les avez toutes jouées ou chantées, même quand elles vous étaient inconnues ?

Christian Moulié : Compte tenu du nombre je n’ai pas chanté tout ce répertoire, mais environ 260 chansons sur des thèmes différents.

La Gazette du Patrimoine : Il y a en a t-il une que vous ne possédez-pas et que vous rêveriez de trouver ?

Christian Moulié : Malheureusement je ne possède pas toutes les partitions existantes et J’en désire tellement que la liste serait trop longue ! Mais en priorité celles qui parlent d’Agen.

La Gazette du Patrimoine : Mais au fait, pourquoi avoir choisi de collectionner les partitions ?

Christian Moulié : Je collectionne les partitions car elles sont la matérialité de mon métier de chanteur de cette époque. De plus, je souhaite conserver ce patrimoine et le faire partager grâce à mes expositions auprès d’un public le plus large possible, y compris les enfants.

La Gazette du Patrimoine : Quel est leur intérêt historique ?

Christian Moulié : L’intérêt historique est sans nul doute l’ouverture d’une fenêtre sur la société française au XIXe siècle. La vie des gens, les événements, les nouveautés, tout cela était alors traité en chansons. C’est pour beaucoup de gens une véritable revue d’informations sur la société et son actualité, à une époque où la majorité de la population ne sait ni lire ni écrire.

La Gazette du Patrimoine : Il y a des noms pour désigner chaque type de collectionneur. Quel est le nom d’un collectionneur de partitions ?

Christian Moulié : Il existe un nom pour les collectionneurs de partitions, mais qui me semble fantaisiste. Le collectionneur de partitions serait : Musapartizophile.

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