Un retour en enfance, une plongée dans un univers qui vacille entre comics et réalisme. C’est ce qu’inspire l’exposition de Paul Madonna qui a été inaugurée vendredi soir à la médiathèque de Lavardac. Du beau monde a d’ailleurs fait escale en Albret pour l’occasion, notamment le consul des États-Unis Dan Hall, venu tout droit de Bordeaux.
Œuvres originales qui dépeignent une rétrospective de la vie artistique du dessinateur, les pièces exposées sont livrées à l’interprétation de chacun. Beaucoup de noir et blanc et parfois, une touche de couleur qui détonne, qui interpelle. «Les couleurs, c’est ce qui va attirer le regard, explique l’artiste. Ça va faire appel à une émotion profonde et ça va vraiment toucher les gens de manières différentes». Et après tout, ajoute-t-il, «une œuvre, c’est l’émotion du spectateur qui se mélange à celle de l’artiste».
Une voiture bleue, un toit rouge, un ciel azur qui s’ouvre au-dessus d’un tunnel de buildings… Difficile de ne pas être submergé par le talent de Paul Madonna. Initialement formé en école de peinture, le dessinateur américain a préféré se tourner vers l’encre. «C’est immuable. Avec la peinture, je n’arrêtais pas de modifier mes tableaux continuellement, alors que l’encre on ne peut pas tricher». D’ailleurs, Paul ne crayonne jamais ses dessins. Quand il commence une œuvre, c’est immédiat, il sort son encre indienne et de là naît cette beauté de l’ordinaire qu’il veut faire ressortir. «J’ai choisi l’encre indienne parce que c’est un noir chaud, plus doux, par rapport à l’encre de Chine par exemple dont le noir est très froid». La permanence de l’encre, c’est ce qui lui plaît tant dans le choix du matériel. «Je sais que ça tiendra dans le temps, que ça ne s’effacera pas et j’aime beaucoup cette idée», sourit le dessinateur.
Sublimer des détails
Dessiner la vie, la raconter. Paul Madonna est de ceux qui voient le sublime dans les détails du quotidien. Quand on lui demande quel message il désire exprimer à travers son art, il répond avec simplicité : «Beauty».
Enthousiaste, il pointe l’enseigne de la médiathèque du doigt, l’ombre qu’elle produit sur le mur avec le jour qui décline. «Par exemple là, c’est une superbe composition, avec le bâtiment, le ciel en arrière-plan. Je pourrais tout à fait me mettre à le dessiner. Mais ça doit être dans l’immédiat, c’est un moment précis, avec une lumière et un angle de vue uniques. C’est ce moment-là qui compte. Si c’est dans quelques heures ce sera totalement différent», raconte-t-il avec une passion communicative. Ses dessins s’ancrent dans l’instantané, comme une photographie à la main. «Quand je voyage ou me balade, si je vois quelque chose qui me marque, je sors tout de suite du papier, mon encre et je dessine sur le moment».
Comble de l’ironie, alors même que l’artiste se refuse à dessiner des paysages iconiques, ses dessins eux-mêmes le sont devenus aujourd’hui. «Au début, ça a été difficile d’être reconnu. Je ne voulais pas faire comme les autres, je voulais me détacher de ce qui existait déjà». Se démarquer, Paul Madonna a su le faire avec talent et nul doute que les amoureux de l’art comme les novices seront charmés par ces traits propres à l’artiste.
Information
Exposition visible à la médiathèque de Lavardac
Du 1er juin au 31 août
Tél. 06 76 33 10 51
association@williamblake.fr
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