Vertigineux. Simplement. Sans même épaissir le trait. Alors la pression qu’André Furlan reconnaît, sans barguigner, supporter est légitime. Le président de l’association William Blake est à l’origine d’un des événements culturels majeurs de l’été lot-et-garonnais : la transformation de la médiathèque de Lavardac en un musée ouvert sur une palette de maîtres : Dalí, Picasso, Toulouse-Lautrec, Renoir ou encore Legros. « Premièrement, comme l’indique le titre de cette exposition, nous avons souhaité nous en tenir à ‘‘Deux siècles d’art ». Mais nous avons également voulu que soient représentés différents pays. Et aussi intégrer, à travers une dizaine d’œuvres, des artistes contemporains lot-et-garonnais, tels que Jean-Paul Gourdon, ou encore Yannick Beslot. »
45 pièces (pour certaines inédites) et plusieurs techniques seront présentées. Des peintures, dessins, aquarelles, sculptures, gravures, lithographies, tirés de collections privées, en accord avec « des contrats très serrés », appartenant à l’association ou encore prêtés par des artistes. D’un éclectisme assumé, cette exposition annonce comme vocation la promotion de productions jusque-là peu ou pas connues. « Nous présentons même une des guitares sur laquelle Bob Dylan a joué lors de sa tournée des États-Unis, en 1988. »
Surveillance 24 h/24
Forcément, ramené à la géographie lavardacaise et ses deux milliers d’habitants, cet événement pourrait paraître surdimensionné. Et soulève quelques questionnements quant aux dispositifs de sécurité. Isabelle Casse, élue locale qui a beaucoup œuvré avec le maire, Philippe Barrère, à la réalisation de ce projet, se veut rassurante. « Il n’est pas question de s’étaler sur des mesures qui, rendues publiques, pourraient devenir vulnérables. Sachez simplement que tout a été fait pour que les œuvres de la collection restent sous surveillance 24 heures sur 24, le temps de cette manifestation exceptionnelle. Tant à notre niveau, qu’à celui de l’association William Blake ou des forces de l’ordre… »
« Tout à été fait pour que les oeuvres de la collection restent sous surveillance 24 heures sur 24 »
Toutes les conditions semblent réunies pour éviter que quelques malfaisants ne viennent corrompre la sereine beauté de cette exposition. « La valeur des œuvres ? Ce n’est pas le propos essentiel à mes yeux. Nous parlons ici de patrimoine. Nous avons des responsabilités et nous les assumons. Le lieu de l’exposition était évident pour moi et Lavardac s’imposait comme un véritable carrefour de la culture », n’hésite pas à dire André Furlan, au comble de l’enthousiasme.
La médiathèque va s’ajuster
Et ce grand spécialiste des arts de poursuivre : « La culture doit être partout. Pas seulement dans les grandes capitales mondiales. Les richesses culturelles sont nombreuses ici, en Lot-et-Garonne. Alors, le choix de poser cet événement dans le monde rural n’est pas anodin. C’est une question d’ouverture et d’accessibilité. Notre association se situe dans une démarche de diffusion des œuvres. Comme ce fut le cas il y a deux ans, lorsque nous avons organisé notre grand événement autour de William Blake, à Nérac. » Selon le président, l’agenda de l’association, après ce nouveau retentissant coup d’éclat, devrait se noircir. Dans un genre moins champêtre, puisque sont annoncées des manifestations à Marmande ou encore Agen.
Toutes les œuvres présentées sont désormais en possession des organisateurs, qui vont en commencer l’installation à partir d’aujourd’hui. Et parce que chacun a bien conscience que ces « Deux siècles d’art » projettent la commune vers les superlatifs, la médiathèque va s’ajuster. « Jean Zagni, un artisan ébéniste installé à Lavardac, va mettre à notre disposition des meubles d’art de sa réalisation pour bonifier le lieu », ajoute Isabelle Casse. Tout cela sera à découvrir mardi prochain, jour de vernissage dans les jardins de la mairie. Environ 500 personnes sont annoncées pour ce rendez-vous.